Les « dark stores » en France: une bulle qui éclate
A deux ans d’intervalle de l’apparition du concept du « commerce ultrarapide » en France, qui promettait une livraison de courses en moins de dix minutes, l’échec semble consommé. En effet, les entreprises Getir et Flink, dernières actrices du secteur, ont annoncé leur retrait, échouant à établir un modèle économique viable. À présent, le marché se retrouve aux mains des géants Uber Eats et Deliveroo.

Départ massif et désillusion
La décision du groupe turc Getir et de l’entreprise allemande Flink de quitter le territoire français entraîne de lourdes conséquences. Les licenciements massifs prévus vont laisser sur le carreau nombre de livreurs et préparateurs de commandes employés au sein de leurs « dark stores », ces supermarchés sans clients situés en centre-ville. Le choc est brutal pour les salariés, qui voyaient dans ces entreprises un véritable ascenseur social.
Les raisons de l’échec
Plusieurs facteurs ont contribué à l’échec de ces entreprises. D’une part, l’instauration par le gouvernement d’une nouvelle réglementation plus stricte pour encadrer le secteur. D’autre part, les pertes financières importantes enregistrées face à une concurrence forte et à une course constante vers la baisse des coûts et des promotions tous azimuts. Selon Johann Tchissambou, délégué CFDT de Getir:
« Dès le départ, ils savaient que pour prendre une position dominante sur un marché où il y a énormément de concurrents, il est impensable de s’imposer en douceur. »– Johann Tchissambou
Un marché toujours en lice
Avec le départ des acteurs spécialisés s’évanouit également la promesse d’une livraison de courses en moins de dix minutes. Toutefois, le marché ne reste pas pour autant inexistant: les plateformes Uber Eats et Deliveroo récupèrent les parts du marché, en s’associant avec les grandes chaînes de la distribution telles que Carrefour, Auchan, ou encore Franprix. Ce toboggan inquiète certaines voix, comme la députée Modem Maud Gatel, qui craint une détérioration des droits sociaux pour les livreurs associés à ces plateformes.
En dépit de la fin annoncée des dark stores, le déploiement du commerce ultrarapide soulève toujours des interrogations, qu’il s’agisse des conditions de travail des livreurs ou de la régulation à instaurer pour ce secteur. Cette page de l’histoire du commerce français met en lumière les défis qu’entraîne l’évolution constante des modes de consommation.
Un tremplin vers le changement
En dépit du départ des principaux acteurs de la livraison ultrarapide, l’épineuse question des conditions de travail et de la sécurité des coursiers reste en discussion. Ce départ pourrait d’ailleurs servir de tremplin pour repenser l’éthique professionnelle dans ce milieu. Un changement est donc possible, et il pourrait être bénéfique pour l’ensemble du secteur.
Le renforcement des plateformes existantes
La croissance rapide des plateformes comme Uber Eats et Deliveroo, désormais en tête du marché, démontre que les consommateurs souhaitent toujours bénéficier d’un service de livraison rapide. Cependant, ces plateformes doivent évoluer et s’adapter pour répondre aux exigences de respect des droits du travail et aux attentes sociales de la part de leurs travailleurs et du grand public.
Prochaine étape : une réglementation accrue
Alors que le modèle des « dark store » tire sa révérence en France, des voix s’élèvent pour demander une régulation plus stricte des pratiques du commerce ultrarapide. Le départ de Flink et Getir devrait donner l’impulsion pour une refonte du cadre législatif, afin de protéger les travailleurs précaires et assurer une concurrence loyale dans le secteur.
Notre avis
Nous estimons que l’échec de Getir et Flink en France est révélateur d’une transition nécessaire dans le monde du e-commerce. Le départ de ces entreprises met en lumière les difficultés d’un modèle économique